Novembre-décembre 1915 : « Chambre à gaz »

Cet article s’intitule ainsi en raison d’une expression qui m’a marquée dans le JMO du 120e bataillon de chasseurs. Il y a en effet des mots qui font froid dans le dos, et qui nous propulsent tout de suite dans la réalité d’une autre guerre, celle de 1939-1945 et son cortège d’atrocités. Il s’agit pourtant toujours bien de la première guerre mondiale.


Nous sommes à la toute fin du mois d’octobre 1915. Le 120e BCP revient des tranchées champenoises, et retrouve l’air des Vosges à Laval-sur-Vologne où il est cantonné. L’heure est au grand nettoyage de l’équipement, ainsi qu’aux décorations, comme chaque fois que les hommes reviennent du front.

Aux exercices habituels vient s’ajouter une nouveauté peu réjouissante, mais nécessaire : comment se servir des « masques antiasphyxiants« . Depuis la bataille d’Ypres, quelques mois plus tôt, en avril 1915, au cours de laquelle les Allemands avaient répandu sur le champ de bataille plusieurs dizaines de tonnes de chlore, on tente d’élaborer un masque à gaz efficace. En ce mois de novembre, les masques à gaz rudimentaires se sont perfectionnés et commencent à comprendre un gaz neutralisant. De part et d’autre, c’est la course au masque – et au gaz qui permettra de déjouer leur protection. La guerre chimique a commencé.

Masques à gaz The Literary Digest History of the Word War 1920 Halsay, Fancis WhitingDifférents types de masques à gaz utilisés pendant la première guerre mondiale.
The Literary Digest History of the Word War, 1920, Halsay, Fancis Whiting (Wikipédia)

Le 15 novembre, le bataillon se rend au plateau de Champdray, à une dizaine de kilomètres de son cantonnement, afin de participer à la revue passée par le généralissime Joffre. Une revue dans la neige et sous un vent glacial, mais avec le soleil.

Quelques jours plus tard, le bataillon quitte Laval-sur-Vologne pour Brouvelieures, non loin de là.

Les exercices – dont ceux contre le gaz – continuent, les citations également, comme par exemple le 2ème classe Grevais, cité à l’ordre de la brigade : « Grièvement blessé, est resté pendant 4 heures au fond de la tranchée sans proférer la moindre plainte. A protesté qu’il n’avait presque rien pour ne pas exposer la vie de ses camarades qui voulaient aller lui chercher des secours pendant le bombardement. » Le jeune homme âgé de 25 ans décédera des suites de ses blessures à l’hôpital le 2 janvier suivant.

Le 3 décembre, le bataillon passe dans la « chambre à gaz » de Bruyères pour un entraînement.

120 Court 15-11-1915 Annonce humoristiqueExtrait du 120 Court du 15 novembre 1915.
Source : Bibliothèque municipale de Lyon.

Le 4, il reçoit un renfort de 130 hommes.

Manœuvres, entraînements, revues, récréations… se poursuivent jusqu’au 17 décembre, jour où le bataillon, après un « repos » de plus d’un mois, quitte son cantonnement pour la commune d’Etival-Clairefontaine, d’où il doit rejoindre le front.


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Le retard que j’avais accumulé ces six derniers mois est rattrapé ! 🙂

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3 commentaires pour Novembre-décembre 1915 : « Chambre à gaz »

  1. feuillesdardoise dit :

    Bravo ! ( Pour le retard… mais surtout pour l’artice !)

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